Actionnaires CAC 40 gavés au paradis

CAC 40 : actionnaires gavés au paradis

Les entreprises du CAC 40 se portent bien et leurs actionnaires encore mieux. En 2023, ils ont reçu 97,2 milliards d’euros sans se donner plus de mal que de posséder de grandes masses de capitaux sous forme d’actions.

Ces milliards versés aux propriétaires des 40 entreprises sont constitués, pour les deux tiers, de dividendes directement crédités sur les comptes bancaires des actionnaires. Le dernier tiers vient arrondir leur fortune à peine moins directement : ce sont les sommes consacrées – ou plutôt gaspillées – par ces grands groupes pour racheter leurs propres actions et les détruire. En augmentant ainsi mécaniquement la part de propriété contenue dans les actions restantes, la valeur en Bourse, ainsi que le montant des dividendes, auxquelles elles donnent droit augmentent également.

Le trio de tête de ces mastodontes capitalistes est constitué du pétrolier Total Energies, de la banque BNP Paribas et du géant du luxe LVMH. A eux trois, ils ont versé 35 milliards à leurs actionnaires, à peu de choses près toujours les mêmes grandes familles bourgeoises concentrant toujours plus les revenus du capital.

Depuis qu’elles ont surmonté la grave crise de 2008-2009, les entreprises du CAC 40 ont presque constamment augmenté les richesses versées à leurs actionnaires. A partir de 2013, elles ont dépassé les 40 milliards par an, jusqu’à grimper à 60 milliards en 2019. La crise du Covid a ébranlé l’économie mondiale, mais même pour l’année 2020 le CAC 40 a continué à choyer ses actionnaires, quoiqu’un peu moins, avec 36 milliards versés. Dès 2021, ce montant est reparti fortement à la hausse avec un record de près de 70 milliards. Record battu en 2022 avec 80 milliards et à nouveau en 2023 avec ces 97,2 milliards d’euros.

La part des richesses produites ainsi absorbée par la grande bourgeoisie est supérieure aux 94,2 milliards d’euros d’investissements réalisés l’an dernier par ces mêmes entreprises. Comparée à l’évolution du PIB ou de la production industrielle, qui ont stagné en France en 2023, la progression en flèche des montants accaparés par les actionnaires illustre leur parasitisme croissant. D’autant plus que ces milliards se déversent dans le secteur financier hypertrophié et improductif.

Pendant ce temps les salaires des travailleurs, les pensions retraités et les allocations ont perdu du pouvoir d’achat de façon accélérée face à l’inflation. Il y a un an, Bruno Le Maire avait fait mine de s’en émouvoir en déclarant : « Quand une entreprise est capable de verser des dividendes à ses actionnaires, elle doit être capable de verser une meilleure rémunération à ses salariés ». Cela n’avait été suivi d’aucune augmentation de salaire, à part celles arrachées par les travailleurs eux-mêmes lors de grèves.

Il y aurait dans ces sommes folles, transférées en permanence à ce parasite du travail humain qu’est la toute petite minorité bourgeoise, de quoi satisfaire les besoins des classes populaires… à condition d’exproprier cette classe d’exploiteurs.

Lucien DÉTROIT journal lutte ouvrière 
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