Severine Sarrat
Mis en cause par Vincent Terrail-Novès, vice-président de Toulouse métropole en charge des déchets et de la propreté, pour justifier sa volonté de privatiser le ramassage des ordures, les agents de collecte du dépôt de L’Union ne décolèrent pas. Ils estiment que l’élu ne connaît pas la réalité du terrain et l’invitent à suivre une tournée… Le Journal Toulousain leur donne la parole.
Monsieur Terrail-Novès, vice-président de Toulouse Métropole en charge de la collecte des déchets, a fait des déclarations dans plusieurs médias concernant le travail des agents du dépôt de l’Union.
Nous, agents de ce dépôt, voulons lui répondre.
Tout d’abord nous l’invitons à venir discuter avec nous sur le dépôt et à nous suivre sur une tournée pour voir comment nous travaillons au lieu de nous parler à travers les médias.
Panne de camions ?
Monsieur Terrail-Novès parle de camions en panne : ce n’est pas tout à fait exact, il s’agit de nouveaux camions au gaz qui produisent une odeur d’œuf pourri, donnent des vertiges aux agents, piquent la gorge et dégagent une très forte chaleur à l’arrière, rendant notre travail impossible sur ces machines. Ces symptômes peuvent perdurer plusieurs heures après le travail. Ces camions ont tout d’abord été déployés à Colomiers puis, devant la grogne légitime des agents, ont été remisés sur le dépôt de l’Union. Ils sont un danger pour nous et nous le signalons depuis plusieurs mois. Ces faits ont été constatés par notre encadrement et ne relèvent aucunement de la faute des agents.
Absentéisme ?
Le vice-président parle d’absentéisme, lié (il le dit lui même) à la Covid. Là encore, comment pouvoir le reprocher aux agents ? Est-ce de notre faute si les camions ne sont lavés qu’un seul jour dans la semaine, alors que sur les autres dépôts ils le sont une fois par jour ? Est-ce notre faute si les locaux sont insalubres, les vestiaires très petits ? On exige que l’ensemble des agents soit dans leur camion à 5h15, nous sommes donc bien obligés d’être tous en même temps dans le vestiaire ! La sécurité des agents passe vite au second plan quand cela arrange la collectivité…
Concernant les jours fériés, en effet nous avions demandé en 2019 à bénéficier du même régime que les dépôts toulousains. Nous avons obtenu le même accord qui a mis un an et demi à être appliqué et n’a donc duré que six mois puisque en janvier 2022 tout a changé. Donc après s’être fait “balader” pendant tout ce temps et au vu des nouvelles conditions de travail des jours fériés qui n’ont rien à voir avec ce que nous avions demandé en 2019, non, bien entendu, nous ne sommes pas volontaires pour travailler ces jours là.
Des tournées inachevées ?
Enfin pour ce qui est des tournées non finies, nous rappelons qu’au premier janvier nous avons récupéré six nouvelles communes soit 36 000 habitants pour le tri sélectif ainsi que plusieurs zones industrielles (depuis 2019, ces ZI étaient ramassées par… notre encadrement) et bien entendu sans renforts en effectif ! Combiné à la nouvelle organisation du travail, là aussi voulue par la direction, finir certaines tournées est devenu impossible. En effet nous vidons les camions à la déchetterie de l’Union sauf qu’à l’heure où nous arrivons désormais, celle-ci est pleine et nous ne pouvons pas vider nos bennes. Comment alors ramasser des poubelles avec un camion rempli ? Notre encadrement nous a suivi sur de nombreuses tournées et a constaté que nous respectons bien le règlement et que nous faisons notre travail comme il faut.
Dialogue ?
Nous voulons que monsieur Terrail-Novès vienne constater sur le terrain notre travail avant de parler de « mauvaise volonté », qu’il nous suive une journée et comprenne que nous faisons bien notre travail. Nous alertons la direction depuis plus d’un an sur les problèmes de tournées que nous allions rencontrés avec l’absorption de six nouvelles communes, nous avons proposé des solutions mais nous n’avons jamais été écoutés. Aujourd’hui, s’il y a des problèmes, cela découle de la gestion de la collectivité et non des agents. Nous sommes attachés au service public et continuerons à nous battre pour améliorer les choses, êtes-vous prêts à nous écouter et à discuter ou continuerez-vous à nous parler uniquement à travers les médias en brandissant la menace d’une privatisation qui serait coûteuse et ne réglerait pas les problèmes. La preuve en est, le privé fait actuellement trois tournées sans respecter les règles de sécurité ni le code de la route et n’arrive pas à les terminer.
Monsieur le vice-président, la balle est dans votre camp.