Espérance de vie : « la fonction publique territoriale conserve-t-elle ? »

Retraites : être agent territorial, un facteur de mortalité précoce ? (La Gazette)

Publié le 20/12/2022 • Par Véronique Vigne-Lepage • dans : A la une, Actu expert acteurs du sport, Actu expert Education et Vie scolaire, Actu expert santé social, Actu experts prévention sécurité, actus experts technique, Documents utiles, France, Toute l’actu RH

©Richard Villalon – stock.adobe.com

La Caisse des dépôts, qui gère la CNRACL, a voulu savoir si les fonctionnaires territoriaux et hospitaliers vivent aussi longtemps à la retraite que les autres Français. Mauvaise surprise : pas forcément. Les résultats qui viennent d’être publiés, détaillés par sexe, par catégorie hiérarchique et pour certains corps importants, peuvent être riche d’enseignements pour les politiques de prévention… comme pour la future réforme des retraites.

C’est une étude aux résultats particulièrement déprimants que vient de publier la Caisse des dépôts : intitulée « Espérance de vie des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers : un regard sur des emplois spécifiques », celle-ci révèle que certains agents des collectivités vivent en moyenne moins longtemps que d’autres, voire que le reste des Français.

Gestionnaire de la CNRACL, le régime de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, la Caisse des dépôts a voulu, avec cette analyse, à la fois anticiper l’évolution des dépenses de prestations et mieux apprécier les risques nécessitant une politique de prévention. Mais les résultats de cette étude pourront aussi utilement éclairer les discussions autour de la réforme des retraites.

Durée de vie réduite pour les hommes

Car des risques, il semble en exister pour les territoriaux et les hospitaliers, si l’on en croit cette étude, tout particulièrement pour les hommes : en 2017, l’espérance de vie à 65 ans des territoriaux et hospitaliers titulaires s’élevait à 23 ans et 4 mois pour les femmes (plus 2 mois par rapport à l’ensemble des Françaises), mais de 18 ans et 9 mois pour leurs collègues masculins, soit 6 mois de moins que l’espérance de vie de l’ensemble des hommes de la population française.

Les fonctionnaires partant à la retraite en invalidité sont, eux aussi, « à risque », puisque leur espérance de vie à 65 ans est nettement plus réduite que celle des non-invalides, de 3 ans et 8 mois pour les femmes et même de 5 ans pour les hommes. Pas ou peu de différence, en revanche, pour les agents titulaires exerçant des emplois de catégorie active qui, pourtant, sont exposés à des risques exceptionnels ou à une fatigue particulière.

Une espérance de vie très « hiérarchisée »

« Par contre, observent les auteurs, l’espérance de vie des fonctionnaires augmente avec le niveau de qualification ». Les fonctionnaires de catégorie hiérarchique A vivent en moyenne plus longtemps que ceux de catégorie B (plus 8 mois pour les femmes, 11 pour les hommes), qui eux-mêmes ont une espérance de vie supérieure à celle des agents de catégorie C (de 9 mois pour les femmes et de 2 ans et 1 mois pour les hommes).

Être de sexe masculin et occuper un emploi de cette dernière catégorie conduit même à avoir une espérance de vie inférieure d’un an et deux mois à celle des autres hommes français. Une surmortalité qui s’explique par la structure hiérarchique des fonctions publiques territoriale et hospitalière, dont les trois-quarts des fonctionnaires masculins sont en catégorie C.

Deux ans de moins pour les adjoints techniques territoriaux

La moitié de ces hommes de catégorie C étant des adjoints techniques territoriaux, les chargés d’étude ont fait un focus sur eux. Le résultat est frappant : leur espérance de vie à 65 ans est réduite de deux ans par rapport à la population masculine française. Explications d’Aurélie Lemonnier, l’une des auteurs : « Les conditions de travail difficiles de ces emplois contribuent à des départs en invalidité plus fréquents que pour l’ensemble des hommes de la population CNRACL ».

Quant aux femmes adjointes techniques territoriales, leur espérance de vie à 65 ans s’avère « très similaire à celle de l’ensemble de la population féminine française avec un écart de seulement 3 mois », assurent les chargés d’étude.

Mais pour ajouter que, « comme pour les hommes, l’invalidité est particulièrement répandue dans cette population : elle concerne 18% des pensionnées anciennement adjointes techniques territoriales contre 11% pour l’ensemble des pensionnées ».

Une différence entre hommes et femmes d’un même corps de métier qui correspond à ce que l’on observe dans l’ensemble de la population française : « les ouvrières ont une espérance de vie inférieure à celle de l’ensemble des femmes », citent les chargés d’étude, mais « le différentiel d’espérance de vie au détriment des catégories ouvrières est moins marqué chez ces dernières que chez les hommes ».

Aides-soignantes, auxiliaires de puériculture : mieux que la moyenne

Autre groupes de femmes observés : celles relevant des corps d’aides-soignants et d’auxiliaires de puériculture et celles qui sont infirmières de soins généraux et spécialisés. Les résultats constituent pour celles-ci une relative bonne nouvelle, puisqu’elles ont une espérance de vie à 65 ans légèrement supérieure à celle de la population féminine française (+ 2 mois et + 4 mois).

Ceci, notent les auteurs, « bien qu’elles exercent des emplois identifiés comme présentant un risque particulier ou des fatigues exceptionnelles ». L’hypothèse de ces chargés d’étude est « le classement de ces populations en catégorie active, qui limite la durée d’exposition à ces conditions de travail difficiles ».

Mais ils avouent ne pouvoir le confirmer, d’autant, notent-ils « que chez les pensionnées anciennement aides-soignantes ou auxiliaires de puériculture, la part des invalides demeure relativement élevée ».

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